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Marius et l’humilier doublement en sa présence. Elle sortit.

— Voyons, réponds ! s’écria Marius, qui dès lors ne chercha plus à se contenir.

— Eh bien, mon enfant, je ne t’en veux pas, je te le pardonne ; mais il est bien certain pour moi que tu m’as abandonnée au moment où je n’avais d’autre appui que le tien.

— Ai-je dit un mot ?… — Non, tu n’as pas dit un mot qui pût être répété et cité à ton désavantage ; mais tes yeux m’ont parlé, Marius, et j’y ai vu clairement que, si j’acceptais le dévouement que te suggérait M. Costel, le mari me ferait cruellement repentir d’avoir cru au courage du fiancé.

— Tout cela est absurde, Lucienne. Tu es susceptible, exigeante et romanesque, surtout, oui, romanesque ; c’est là ton malheur et le mien ! Tu ne vois jamais les choses comme elles sont. Ton imagination les exagère ou les interprète. Pour un regard inquiet, pour une minute de surprise que tu as cru voir en moi, tu as tout rompu. Et de quel droit ?

— Oh ! oh ! tu me contestes le droit d’être susceptible et fière ?

— Je te le refuse. Je ne t’avais pas trompée. Je ne t’avais jamais promis d’être un amant passionné.