Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/149

Cette page n’a pas encore été corrigée

contester mon état civil avec la dernière rigueur, à moins qu’autorisée par mon conseil de famille, et dans le délai de trois jours, je n’eusse signé mon désistement de toute prétention à l’héritage et au nom de Valangis. À ce prix, on m’offrait toujours vingt-quatre mille francs de pension viagère et on m’enjoignait de quitter la France au bout de huit jours pour aller où bon me semblerait, sauf en Angleterre. Si je manquais, fût-ce momentanément, à cette prescription, ma pension serait immédiatement supprimée. Tout cela était si brutal et si offensant, que ni M. Barthez, ni Frumence, ni M. de Malaval, ni Marius, ni Jennie, comme on peut le croire, ne me dirent un mot pour influencer ma réponse.

— Ayez l’obligeance, dis-je à M. Barthez, d’écrire une ou deux lignes à lady Woodcliffe pour lui annoncer que je refuse toute espèce de transaction et m’en tiens à mes droits.

Nous étions à Toulon dans le cabinet de M. Barthez, qui nous avait réunis pour recevoir la communication. Il en avait exclu seulement M. Reppe. Tous se levèrent et vinrent me serrer la main en silence, Frumence avec un éclair d’orgueil paternel dans les yeux, Barthez avec dignité, Malaval d’un air distrait, Marius avec une roideur solennelle et sombre, comme s’il eût jeté l’eau