Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/129

Cette page n’a pas encore été corrigée

fleurs mêlé à des odeurs de savon de Windsor et de caoutchouc. Je devenais railleuse, je trouvais mon mari trop joli, trop spirituel et trop éloquent. Il me semblait aligner des phrases au lieu de soulever des idées ; je le traitais d’avocat et nous nous querellions. Lui me traitait de bohémienne, et je criais à Jennie :

— Pourquoi m’as-tu laissée avec cet Anglais ?

Alors, secouant le rêve, je m’asseyais sur mon lit, les pieds pendants et les cheveux dénoués, et je me regardais en tremblant dans une glace qui servait de panneau à une de mes armoires.

— Est-ce que je suis si belle que cela ? me disais-je. Où Mac-Allan a-t-il pris que je fusse belle ? Frumence n’a jamais eu l’air de s’en douter, Jennie ne me l’a jamais dit, et Marius m’a dit cent fois que j’étais petite, noire, ébouriffée. Le plus beau compliment qu’il m’ait fait, c’est de me comparer à une figurine indienne assez gentille qui était sur la cheminée de ma grand’mère, et de m’appeler princesse Pagode dans ses jours de belle humeur.

Pourtant il fallait bien que j’eusse quelque charme, puisqu’un homme de quarante ans en était si frappé ; et le chiffre de Mac-Allan, au lieu de lui être compté comme un défaut, me faisait apprécier davantage ! l’hommage qui m’était rendu.

C’est un dangereux flatteur et un effronté cour-