Page:Sand - Confession d une jeune fille - vol 2.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

café avec Frumence, il lui a posé la question avec finesse, à ce qu’il croyait ; mais l’autre est plus fin que lui. Il a vu tout de suite qu’on le soupçonnait d’avoir avec vous une amitié trop intime, et il a relevé l’avocat si vertement, qu’ils ont failli se provoquer ; puis tout à coup M. Mac-Allan a eu un bon mouvement de cœur, il s’est repenti d’avoir cru à des calomnies ; il est parti très-chagrin et très-agité. Dès le lendemain, il a quitté la bastide Reppe, et il s’est établi aux Pommets, soignant l’abbé et témoignant à Frumence la plus grande estime et la confiance la plus entière. Donc, il n’a plus de soupçons sur vous, et il est sincère en disant qu’il veut vous réconcilier avec lady Woodcliffe.

— Et pourtant il m’observe, il me suit, et il épie tous les pas que je fais hors de la maison ?

— Ah ! dame, cela, c’est un sentiment personnel d’inquiétude ou de jalousie. M. Mae-Allan s’est peut-être en effet mis dans la tête de vous aimer ; madame Capeforte a pu deviner juste : que vous en semble ?

— Il ne me semble rien, Jennie, sinon que M. Mac-Allan m’alarme et me blesse. Tu crois donc qu’il a exprimé à Frumence l’intention de m’épouser ?

— C’est possible, répondit Jennie, qui ne voulait pas se prononcer.