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Frumence sait bien que je suis mère avant tout, que vous êtes mon seul enfant, et que je ne suis pas femme à me tourmenter de mon avenir ; il sera ce qu’il sera. J’y penserai quand le vôtre sera assuré. Votre mari ne m’appréciera peut-être pas autant que vous ;… alors… nous verrons !

— Ainsi l’affection que tu as pour ce bon Frumence dépend de ta volonté ? Tu es assez forte pour te dire : « J’aurais pu l’aimer, mais je ne l’ai pas voulu ; » ou bien : a Je l’aimerai tel jour, quand il me plaira d’aimer ! »

— Vous riez, moqueuse ? dit Jennie, toujours calme. Eh bien, je suis comme cela. J’ai été à une école par où vous ne passerez jamais, Dieu merci, et j’ai fait une provision de volonté aussi solide que celle que Frumence a trouvée dans ses livres. Un temps viendra où je vous dirai cela, mais je ne le peux pas encore.

— Dis-moi pourtant quelque chose, Jennie ! Tu crois en Dieu, toi ?

— Oh ! oui, par exemple ! Ceux qui ont beaucoup souffert ne peuvent pas faire autrement.

— Et tu sais que Frumence n’y croit pas ?

— Je sais cela, c’est son idée !

— Et cela ne te tourmente pas, quand tu te dis que tu seras peut-être sa femme ?

— D’abord, je ne me dis pas ça souvent. Il est