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vous faites là des chiffres qui n’ont aucun rapport…

— C’est vrai, répondit-il en souriant et en regardant la burette à peu près vide ; j’ai tout répandu, et M. Costel n’aurait plus rien à consacrer. Je retourne à la cure. Allez à votre banc, mademoiselle Lucienne, je n’aurai plus de distraction qui retarderait la messe.

Je le regardai servant la messe, et, pour la première fois, j’observai attentivement sa figure et son maintien. Frumence était grave et consciencieux dans tout ce qu’il faisait. Il savait sa messe sur le bout du doigt et la servait avec une précision mathématique. Il était à genoux, il se levait, il se réagenouillait comme un bon soldat qui fait machinalement et sérieusement l’exercice. Il n’y avait sur son visage aucune expression de moquerie et aucune affectation de croyance. La même tranquillité décente se lisait sur la figure et dans les manières de l’abbé. Il n’y avait en eux rien qui pût scandaliser personne.

Quand le moment du tête-à-tête accoutumé fut venu, Frumence prévint mon désir en me renouvelant sa question :

— Quelqu’un vous a donc dit que j’étais un impie ?

— Je vous ai dit que non, si ce n’est autrefois Denise et madame Capeforte, qui blâmaient votre