conscience, une burette d’étain qu’il venait de remplir de vin au presbytère, et il attendait que l’abbé eût passé son surplis jauni et sa chasuble poudreuse pour officier ; car, ce jour-là, le garde champêtre était malade, et Frumence allait servir la messe.
— Vous voilà ? me dit-il sans se déranger. Ah ! aujourd’hui, mademoiselle Lucienne, il faudra patienter un peu pour votre collation : je suis sacristain.
— Et pourquoi êtes-vous sacristain, si vous ne croyez pas en Dieu ?
Cette question brusque le surprit beaucoup. Il ne s’était pas aperçu du feuillet manquant dans ses papiers ; il ne donnait pas de suite à ces sortes d’élucubrations et il ne les relisait peut-être jamais, et, comme jamais il n’avait parlé religion avec moi ni devant moi, il ne se rendait pas compte de ma découverte.
— Qui vous a dit que je ne croyais pas en Dieu ? me demanda-t-il comme un homme qui cherche à rassembler ses souvenirs. Je n’ai jamais soulevé aucune hypothèse à ce sujet avec vous.
— Personne ne m’a rien dit, lui répliquai-je : c’est une idée qui me vient en vous voyant si peu occupé de la consécration de ce vin que vous répandez par terre sans y prendre garde, tandis que