Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/77

Cette page n’a pas encore été corrigée

possible que mademoiselle Dietrich ne dise pas toute la vérité sur notre situation réciproque. Elle ne s’en rend peut-être pas compte à elle-même. Elle ne se croit pas brouillée avec moi, elle ignore peut-être que je suis brouillé avec elle.

Brouillé me paraissait un bien gros mot pour le genre de relations qui avait pu s’établir entre eux : je le lui fis observer.

— Vous pensez avec raison, reprit-il, qu’il est difficile de parler clairement amour et mariage à une jeune personne si bien surveillée par vous ; mais, quand on ne peut parler, on écrit, et mademoiselle Dietrich n’a pas refusé de lire mes lettres, elle a même daigné y répondre.

— Dites-vous la vérité ? m’écriai-je.

— La preuve, répondit-il, c’est qu’en vous voyant prête à me quitter tout à l’heure, j’ai senti que je devais lui renvoyer ses lettres. Voulez-vous me permettre de les faire porter chez vous dès ce soir ?

— Certainement, vous agissez là en galant homme.

— Non, j’agis en homme qui veut guérir. Les lettres de mademoiselle Dietrich pourraient être lues dans une conférence publique, tant elles sont pures et froides. Elle ne me les a pas redemandées. Je ne crois même pas qu’elle y songe. Si le fait d’écrire est une imprudence, la manière d’écrire est chez elle une garantie de sécurité. Cette fille vraiment supérieure peut s’expliquer sur ses propres sentiments et dire toutes ses idées sans donner sur elle le moindre