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être capable de ce grand sentiment qui fait qu’on est heureux dans la vertu, quelque difficile qu’elle soit. Veut-on que je me sacrifie et que j’aie la vertu douloureuse, héroïque ? Je ne dis pas que cela soit au-dessus de mon pouvoir ; mais franchement M. de Rivonnière est-il un personnage si sublime, et mon père lui a-t-il voué un tel attachement, que je doive me river à cette chaîne pour leur faire plaisir à tous deux et sacrifier ma vie, que l’on prétendait vouloir rendre si belle ? Répondez, chère Pauline. Cela devient très-sérieux.

— Autorisez-moi, lui dis-je, à répéter ce que vous dites à votre père et au marquis. Tous deux renonceront à vous contrarier. Votre père se privera de ce nouvel ami, et le nouvel ami, que vous n’avez persuadé d’attendre qu’en lui laissant de l’espérance, comprendra que sa patience compromettrait votre réputation et aboutirait peut-être à une déception pour lui.

— Faites comme vous voudrez, reprit-elle. Je ne désire que la paix et la liberté.

— Il vaudrait mieux, puisque vous voilà si raisonnable, dire vous-même à M. de Rivonnière que vous ajournez indéfiniment son bonheur.

— Je le lui ai dit.

— Et que vous faites à sa dignité ainsi qu’à votre réputation le sacrifice de l’éloigner.

— Il n’accepte pas cela. Il demande à me voir, si peu que ce soit et dans de telles conditions qu’il me plaira de lui imposer. Il demande en quoi il s’est