Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

faire la cour et ce que je ne veux pas permettre. Je veux qu’il se laisse juger, qu’il s’explique si je le choque, qu’il se défende si je l’attaque, et ma tante, qui est résolue à le trouver sublime parce qu’il est marquis, m’empêche de le piquer, en se hâtant d’interpréter mes paroles dans le sens le plus favorable à la vanité du personnage. Cela me fatigue et m’ennuie, et je désire que vous soyez là pour me soutenir contre elle et m’aider à voir clair en lui.

Deux jours plus tard, le marquis amena un joli cheval de selle qu’il avait offert à Césarine de lui procurer. Il l’avait gardé chez lui un mois pour l’essayer, le dresser et se bien assurer de ses qualités. Il le garderait pour lui, disait-il, s’il ne lui plaisait pas.

Césarine alla passer une jupe d’amazone, et courut essayer le cheval dans le manège en plein air qu’on lui avait établi au bout du parc. Nous la suivîmes tous. Elle montait admirablement et possédait par principes toute la science de l’équitation. Elle manœuvra le cheval un quart d’heure, puis elle sauta légèrement sur la berge de gazon du manége sablé, en disant à M. de Rivonnière qui la contemplait avec ravissement :

— C’est un instrument exquis, ce joli cheval ; mais il est trop dressé, ce n’est plus une volonté ni un instinct, c’est une machine. S’il vous plaît, à vous, gardez-le ; moi, il m’ennuierait.

— Il y a, lui répondit le marquis, un moyen bien simple de le rendre moins maniable ; c’est de lui faire oublier un peu ce qu’il sait en le laissant libre au pâturage.