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volonté renfermée n’éclate en fabuleuses excentricités.

— N’entretenez-vous pas cette crainte par quelques paradoxes dont vous ne pensez pas un mot, et que vous pourriez vous dispenser d’émettre devant lui ?

— J’entretiens de loin en loin cette crainte, parce qu’elle me préserve de l’autorité qu’il se fût attribuée, s’il m’eût trouvée trop docile. Ne me grondez pas pour cela, chère amie, je mène mon père à son bonheur et au mien. Les moyens dont je me sers ne vous regardent pas. Que votre conscience se tienne tranquille : mon but est bon et louable. Il faut, pour y parvenir, que mon père conserve sa responsabilité et ne la délègue pas à un nouveau-venu qui me forcerait à un nouveau travail pour le soumettre.

— Je pense que vous n’auriez pas grand’peine avec M. de Rivonnière. Il passe dans le pays pour l’homme le plus doux qui existe.

— Ce n’est pas une raison. Il est facile d’être doux aux autres quand on est puissant sur soi-même. Moi aussi, je suis douce, n’est-il pas vrai ? et, quand je m’en vante, je vous effraye, convenez-en.

— Vous ne m’effrayez pas tant que vous croyez ; mais je vois que le marquis, s’il ne vous effraye pas, vous inquiète. Ne sauriez-vous me dire comment vous le jugez ?

— Eh bien ! je ne demande pas mieux ; attendez. Il est… ce qu’au temps de Louis XIII ou de Louis XIV on eût appelé un seigneur accompli, et voici comment on l’eût dépeint : « beau cavalier, adroit à toutes les armes, bel esprit, agréable causeur, homme de