Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/34

Cette page n’a pas encore été corrigée

sans qu’ils eussent à défiler sous les yeux de la famille Dietrich. Le nombre en était bien restreint ; mais je pouvais voir mon cher filleul tout à mon aise et le soustraire aux critiques probablement trop spirituelles que Césarine eût pu faire tomber sur sa gaucherie de collégien.

Cette gaucherie n’existait plus heureusement. Ce fut une grande joie pour moi de retrouver mon cher enfant grandi et en bonne santé. Il n’était pas beau, mais il était charmant, il ressemblait à ma pauvre sœur : de beaux yeux noirs doux et pénétrants, une bouche parfaite de distinction et de finesse, une pâleur intéressante sans être maladive, des cheveux fins et ondulés sur un front ferme et noble. Il n’était pas destiné à être de haute taille, ses membres étaient délicats, mais très-élégants, et tous ses mouvements avaient de l’harmonie comme toutes les inflexions de sa voix avaient du charme.

Il venait de terminer ses études et de recevoir son diplôme de bachelier. Je m’étais beaucoup inquiétée de la carrière qu’il lui faudrait embrasser. M. Dietrich, à qui j’en avais plusieurs fois parlé, m’avait dit :

— Ne vous tourmentez pas ; je me charge de lui. Faites-le moi connaître, je verrai à quoi il est porté par son caractère et ses idées.

Toutefois, quand je voulus lui présenter Paul, celui-ci me répondit avec une fermeté que je ne lui connaissais pas :

— Non, ma tante, pas encore ! Je n’ai pas voulu attendre ma sortie du collége pour me préoccuper de