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magie. Son goût devenait pur. Elle n’avait plus de paradoxes, elle se corrigeait de poser l’originalité. Enfin elle devenait si remarquable qu’au bout de mon année d’examen je me résumai ainsi avec M. Dietrich :

— Je resterai. Je ne suis pas nécessaire à votre fille. Personne ne lui est et ne lui sera, peut-être jamais nécessaire, car, ne vous y trompez pas, elle est une personne supérieure par elle-même ; mais je peux lui être utile, en ce sens que je peux la confirmer dans l’essor de ses bons instincts. S’il venait à s’en produire de mauvais, je ne les détruirais pas, et vous ne les détruiriez pas plus que moi ; mais à nous deux nous pourrions en retarder le développement ou en amortir les effets. Elle me le dit du moins, elle a pris de l’affection pour moi et me prie avec ardeur de ne pas la quitter. Moi, je me dis qu’elle mérite que je m’attache à elle, fallût-il souffrir quelquefois de mon dévouement.

M. Dietrich m’exprima une très-vive reconnaissance, et je m’installai définitivement chez lui. Je donnai congé du petit appartement que j’avais voulu garder jusque-là, j’apportai mon modeste mobilier, mes petits souvenirs de famille, mes livres et mon piano à l’hôtel Dietrich, et je consentis à y occuper un très-joli pavillon que j’avais jusque-là refusé par discrétion. C’était le logement de mademoiselle Helmina, qui prenait celui de sa défunte belle-sœur et se trouvait ainsi sous la même clef que Césarine.

J’eus dès lors une indépendance plus grande que je ne l’avais espéré. Je pouvais recevoir mes amis