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à soigner admirablement bien son mari, il était ivre de reconnaissance et d’espoir. M. Dietrich était fier de sa fille ; tout le monde l’admirait. On la proposait pour modèle à toutes les jeunes femmes. Elle réparait les allures éventées de sa jeunesse et l’excès de son indépendance par une soumission au devoir et par une bonté sérieuse qui en prenaient d’autant plus d’éclat ; elle préparait tout pour aller passer l’automne à la campagne avec son mari.

L’avant-veille du jour fixé pour le départ, elle écrivit à Paul :

« Soyez à sept heures du matin à votre bureau, j’irai vous prendre. »

Paul me montra ce billet en haussant les épaules, me pria de n’en point parler à Marguerite, et le brûla comme il avait brûlé le premier. Je vis bien qu’il avait un peu de frisson nerveux. Ce fut tout. Il ne sortit pas de chez lui le lendemain.

Craignant que Césarine, déçue et furieuse, ne sût pas se contenir, je m’étais chargée de l’observer, voulant lui rendre ce dernier service de l’empêcher de se trahir. Elle sortit à sept heures et fut dehors jusqu’à neuf ; elle revint, sortit encore et revint à midi ; elle voulait retourner encore chez Latour après avoir déjeuné avec son père. Je l’en empêchai en lui disant, comme par hasard, que j’allais voir mon neveu, qui m’attendait chez lui.

— Est-ce qu’il est gravement malade ? s’écria-t-elle hors d’elle-même.

— Il ne l’est pas du tout, répondis-je.