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— Ah !… voilà… ce que vous conseillez ? s’écria Césarine en portant convulsivement un verre d’eau froide à ses lèvres desséchées et frémissantes, c’est vous qui me dites d’être la femme de M. de Rivonnière !

— Et pourquoi, reprit-il, ne serait-ce pas moi ? Je suis le plus nouveau et le plus désintéressé de vos amis ; vous me consultez, je ne me serais pas permis, sans cela, de vous dire ce que je pense.

— Ce que vous pensez est odieux : une femme ne doit pas se respecter, elle doit se donner sans amour comme une esclave vendue ?

— Non, jamais ; mais si elle est noblement femme, si elle a du cœur, si elle plaint le malheur qu’elle a volontairement causé, elle fait entrer l’amour dans la pitié. Qu’est-ce donc que l’amour, sinon la charité à sa plus haute puissance ?

— Ah oui ! vous pensez cela, vous ! vous voulez que j’aime mon mari par charité comme vous aimez votre femme…

— Je n’ai pas dit par charité, j’ai dit avec charité. J’ai invoqué ce qu’il y a de plus pur et de plus grand, ce qui sanctifie l’amour et fait du mariage une chose sacrée.

— C’est bien, dit Césarine tout à coup froide et calme, vous avez prononcé, j’obéis…

Elle sortit sans me permettre de la suivre.

— Oui, c’est bien, Paul, dis-je à mon neveu en l’embrassant : toi seul as eu le courage de lui tracer son devoir !

Mais il repoussa doucement mes caresses, et, tombant