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n’aimait pas Césarine, pour l’avoir peut-être aimée sans espoir avant son mariage. Il la jugeait coupable de ne pas vouloir se réunir à son ami, et quand M. Dietrich lui rappela le pacte d’honneur par lequel, en cas de guérison, Jacques s’était engagé à ne pas réclamer ses droits, il jura que Jacques était trop loyal pour songer à les réclamer ; c’était lui faire injure que de le craindre.

— Pourtant, dit M. Dietrich, il a fait hier soir une scène inquiétante, et dans ses moments de crise il ne se rappelle plus rien.

— Oui, reprit Valbonne, il est alors sous l’empire de la folie, j’en conviens, et si sa femme n’eût été la cause volontaire ou inconsciente de cette exaltation en le gardant sous sa dépendance durant cinq ans, elle aurait le droit d’être impitoyable envers lui ; mais elle l’a voulu pour ami et pour serviteur. Elle l’a rendu trop esclave et trop malheureux, je dirai même qu’elle l’a trop avili pour ne pas lui devoir tous les sacrifices, à l’heure qu’il est.

— Je ne vous permets pas de blâmer ma fille, monsieur le vicomte. Je sais qu’en épousant votre ami contre son inclination, elle n’a eu en vue que de le relever de l’espèce d’abaissement où tombe dans l’opinion un homme trop soumis et trop dévoué.

— Oui, mais les devoirs changent avec les circonstances : Jacques était condamné. La réparation donnée par mademoiselle Dietrich était suffisante alors et facile, permettez-moi de vous le dire ; elle y gagnait un beau nom…