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son serviteur en cheveux blancs avec une sorte de crainte enfantine :

— Tu viens m’ennuyer, toi ? lui dit-il d’un air hébété ; tu me payeras ça !

— Oui, à la maison, je veux bien ; mais venez.

— Vieille bête ! je cède pour aujourd’hui ; mais demain…

Dubois l’emmena sans qu’il fit résistance. Bertrand les suivit, toujours disposé à prêter main-forte au besoin. Nous restâmes muettes à les suivre tous trois des yeux ; puis, ayant vu le marquis monter dans sa voiture, Bertrand revint pour nous dire :

— Il est parti.

— Bertrand, lui dit Césarine, s’il arrive à M. de Rivonnière de se présenter encore chez moi en état d’ivresse, dites-lui que je n’y suis pas et empêchez-le d’entrer.

— M. le marquis n’est pas ivre, répondit Bertrand de son ton magistral, et, d’un geste expressif et respectueux, m’engageant à tout expliquer, il se retira.

— Qu’est-ce qu’il veut dire ? s’écria Césarine.

— Tu crois, lui dis-je, que ton mari s’enivre ?

— Oui certes ! il est ivre ce soir, ses yeux étaient égarés. Pourquoi nous as-tu laissés ensemble ? Je t’avais priée de rester. À peine étions-nous seuls, qu’il s’est jeté à mes genoux en me faisant les protestations d’amour les plus ridicules, et quand je lui ai rappelé les engagements pris avec moi, il ne se souvenait plus de rien. Il devenait méchant, idiot, presque grossier… Ah ! je le hais, cet homme qui prétend