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croit qu’il était dans son bon sens quand il a séduit et abandonné la pauvre fille ?…

— C’est la femme de mon neveu à présent.

— Ah ! j’oubliais ; pardon, je n’ai que du bien dire d’elle, un ange d’honnêteté et de désintéressement. M. le marquis n’eût pas commis cette faute-là dans son état naturel, et plus tard, quand il prenait des déguisements pour surveiller les démarches de mademoiselle Dietrich, je voyais bien, moi, qu’il n’avait pas sa tête. Il souffrait la nuit, comme il souffre à présent, et il n’avait pas ses journées lucides comme il les a.

— Est-ce qu’il est fou furieux la nuit ?

— Furieux, non, mais fantasque et violent. Avec moi, il n’y a pas de danger. Il me résiste, il se fâche, et puis il cède. Il ne me maltraite jamais. Tout autre l’exaspère. Il avait pris son médecin en aversion et M. de Valbonne en grippe. Je lui ai conseillé de quitter Marseille, où son état ne pouvait pas rester caché, et je lui ai donné pour raison qu’on le soignait mal. On le soignait très-bien au contraire ; mais, quand un malade est irrité, il faut changer son milieu et le distraire avec d’autres visages. J’ai donné rendez-vous pour ce soir à son ancien médecin : je veux qu’il le voie dans sa crise ; mais c’est vers neuf heures que cela commence, et il faut décider madame la marquise à le renvoyer. Je ne crois pas qu’il lui résiste ; il l’aime tant !

— Il l’aime toujours ?

— Plus que jamais.