sur toutes les personnes de son entourage et ne paraissant pas avoir perdu la mémoire du moindre détail qui pût l’intéresser. Son œil étrange m’étonnait toujours ; il ne sembla entendre la voix de Dubois dans la pièce voisine. Je me levai comme sans intention, et je me hâtai d’aller le questionner.
— Il faut que madame la marquise renvoie M. le marquis, répondit-il à voix basse ; c’est bientôt l’heure de son accès.
— Son accès de quoi ?
Dubois porta d’un air triste la main à son front.
— Quoi donc ? des migraines ?
— Des migraines terribles.
— Qui l’abattent ou qui l’exaspèrent ?
— D’abord l’un, et puis l’autre.
— Est-ce qu’il y a du délire ?
— Hélas oui ? Ces dames ne le savent donc pas ?
— Nous ne savons rien.
— Alors M. de Valbonne a voulu le cacher ; mais à présent il faut bien qu’on le sache ici. C’est un secret à garder pour le monde seulement.
— Est-ce qu’il a la fièvre dans ces accès de souffrance et d’exaltation ?
— Non, c’est ce qui fait que j’espère toujours.
— C’est peut-être ce qui doit nous inquiéter le plus. Tranchons le mot, Dubois ; votre maître est fou ?
— Eh bien ! oui, sans doute, mais il l’a déjà été deux fois, et il a toujours guéri. Est-ce que mademoiselle