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cette joie. Je me demandai s’il raillait ou s’il se faisait illusion.

— Je ne réponds pas à une pareille question, lui dit-elle en souriant du mieux qu’elle put ; c’est à mon tour de vous regarder. Vrai, vous êtes bien portant, on le jurerait ! Qu’est-ce que signifient donc les craintes de votre ami, qui parlait de vous comme d’un incurable !

— Valbonne est très-exalté. C’est un ami incomparable, mais il a la faiblesse de voir en noir, d’autant plus qu’il croit aux médecins. Vous me direz que j’ai sujet d’y croire aussi, étant revenu de si loin. Je ne crois qu’en Nélaton, qui m’a ôté une balle de la poitrine. La cause enlevée, ces messieurs ont prétendu me délivrer des effets, comme s’il y avait des effets sans cause ; au lieu de me laisser guérir tout seul, ils m’ont traité comme font la plupart d’entre eux, de la manière la plus contraire à mon tempérament. Quand, il y a un an bientôt, j’ai secoué leur autorité pour faire à ma tête, je me suis senti mieux tout de suite. Je suis parti ; trois jours après, je me sentais guéri. Il m’est resté de fortes migraines, voilà tout ; mais j’en ai eu deux ou trois ans de suite avant d’avoir l’honneur de vous connaître, et je m’en suis débarrassé en ne m’en occupant plus, Valbonne, en m’emmenant cette fois-ci, m’avait affublé d’un jeune médecin intelligent, mais têtu en diable, qui, mécontent de me voir guérir si vite, rien que par la vertu de ma bonne constitution, a voulu absolument me délivrer de ces migraines et