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« — Ça ne te va pas, tu es plus belle avec tes cheveux. »

Mais ils tombent, mes cheveux. Voyez ! j’en ai déjà perdu plus de la moitié, et, quand je n’en aurai presque plus, si je m’achète un faux chignon, Paul se moquera de moi. Il me dira :

« — Reste donc comme tu es ! Ça n’est pas tes cheveux que j’aime, c’est ton cœur. »

C’est bien joli, cela, et c’est vrai, c’est trop vrai. Il aime mon cœur, et il ne fait plus cas de ma figure ; il y est trop habitué. L’amitié ne compte pas les cheveux blancs quand ils se mettent à pousser. Il m’aimera vieille, il m’aimera laide, je le sais, j’en suis fière ; mais c’est toujours de l’amitié, et je m’en contenterais, si j’étais bien sûre qu’il n’est pas capable de connaître l’amour. Il le dit. Il jure qu’il ne sait pas ce que c’est que de s’attacher à une femme parce qu’elle a de beaux yeux ou de belles robes…

— Je crois, dit Césarine en souriant d’une façon singulière, qu’il vous dit la vérité.

— Oui, ma marquise ; mais quand, avec les belles robes et les beaux yeux, et toute la personne magnifique et aimable, il y a le grand esprit, le grand savoir, la grande bonté, tout ce qu’un homme doit admirer… Tenez ! il n’est pas possible qu’il ne vous aime pas d’amour, voilà ce que je me dis tous les soirs quand il est chez vous et que je l’attends.

— Ce que vous vous dites là est très-mal, répondit Césarine sans montrer aucune autre émotion qu’un