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Je trouvai inutile de dire à Paul qu’elle ne m’en demandait jamais. Mon rôle n’était plus de le prémunir contre les dangers que j’avais cru devoir lui signaler l’année précédente. Je devais au contraire lui laisser croire qu’ils étaient imaginaires et accepter pour moi le ridicule de cette méprise. Je pensai devoir seulement lui demander s’il ne craignait pas d’éveiller la jalousie du marquis en venant voir sa femme.

— Je suis si éloigné de vouloir lui en inspirer, répondit-il, que je n’ai même pas songé à lui ; mais, si vous craignez quelque chose, je puis fort bien ne pas revenir et vous prendre pour intermédiaire des communications qui s’établissent entre madame de Rivonnière et moi à propos de son livre.

— Ton devoir serait peut-être d’en écrire à M. de Valbonne pour le consulter.

— Je trouverais cela bien puéril ! Me poser en homme redoutable quand je suis marié me semblerait fort ridicule en même temps que fort injurieux pour cette pauvre marquise, que vous jugez un peu sévèrement. Supposez que vous ne vous soyez pas trompée, ma tante, et qu’elle ait eu réellement, dans un jour de rêverie extravagante, la pensée de s’appeler madame Gilbert ; elle est à coup sûr fort enchantée maintenant d’avoir une position plus conforme à ses goûts et à ses habitudes. Faudrait-il éterniser le souvenir d’une fantaisie d’enfant, et, si l’on fouillait dans le passé de toutes les femmes, n’y trouverait-on pas des milliers de peccadilles aussi