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pas l’être ; ne cherchant aucune récompense, il trouvait la sienne dans le succès de ses efforts pour combattre l’ignorance et le préjugé. C’était vraiment un digne homme, d’un mérite solide et réel. Son manque de popularité en était la meilleure preuve.

Césarine s’affectait pourtant de voir qu’on lui préférait des notabilités médiocres ou intéressées. Elle l’avait beaucoup poussé à la députation, dont il ne se souciait pas, disant que certaines luttes valent tous les efforts d’une volonté sérieuse, mais que celles de l’amour-propre sont vaines et mesquines.

Cependant une question locale d’un grand intérêt pour le bien-être des agriculteurs du département s’étant présentée à cette époque, il se laissa vaincre par le devoir de combattre le mal, et, au risque d’échouer, il se laissa porter. Césarine se chargea d’avoir la volonté ardente qui lui manquait en cette circonstance. Elle avait peut-être besoin d’un combat pour se distraire de ses secrets ennuis. Son mariage lui donnait droit à une initiative plus prononcée, et M. Dietrich, qui depuis longtemps n’avait résisté à sa toute puissance que dans la crainte du qu’en dira-t-on, abandonna dès lors à la marquise de Rivonnière le gouvernement de la maison et des relations, qu’il avait cherché à rendre moins apparent dans les mains de mademoiselle Césarine. Les nombreux clients qui peuplaient les terres du marquis, et qui avaient beaucoup à se louer de l’indulgente gestion de son intendant, avaient eu peur en apprenant le mariage et l’absence indéfinie de leur patron. Ils avaient craint de