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mains, à lui, étaient lourdes et comme à demi paralysées.

Le maire prenait place et procédait aux formalités d’usage. Césarine semblait gouverner ses émotions avec un calme olympien ; mais, quand il fallut prononcer le oui fatal, elle se troubla, et fut prise de cette sorte de bégaiement auquel, dans l’émotion, elle était sujette. Le maire, qui avait fait tous les avertissements d’usage avec une sage lenteur, ne voulut point passer outre avant qu’elle ne fût remise. Il n’avait pas entendu le oui définitif ; il était forcé de l’entendre. La future semblait indisposée, on pouvait lui donner quelques instants pour se ravoir.

— Ce n’est pas nécessaire, répondit-elle avec fermeté, je ne suis pas indisposée, je suis émue. Je réponds oui, trois fois oui, s’il le faut.

Que s’était-il passé en elle ?

Pendant la courte allocution du magistrat, M. de Valbonne, debout derrière le fauteuil où Césarine s’était laissée retomber, lui avait dit rapidement un mot à l’oreille, et ce mot avait agi sur elle comme la pile voltaïque. Elle s’était relevée avec une sorte de colère, elle s’était liée irrévocablement comme par un coup de désespoir ; et puis, durant le reste de la formalité, elle avait retrouvé son maintien tranquille et son air doucement attendri.

Le pasteur procéda aussitôt au mariage religieux, auquel quelques femmes du noble faubourg ne voulurent assister qu’en se tenant au fond de l’appartement et en causant entre elles à demi-voix.