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qu’il est en votre pouvoir de lui donner devant le monde.

« — En ce cas, j’accepte.

» — Cela est beau et grand de votre part ! Irai-je trouver monsieur votre père ?

» — Allons-y ensemble, je suis sûre de son consentement.

» Nous avons parlé à mon père. Il a cédé pour d’autres motifs que les miens. Il croit que ma réputation a souffert des assiduités trop évidentes du marquis, et que ma complaisance à les supporter de préférence à celles de beaucoup d’autres a fait dire de moi que je voulais garder mon indépendance au prix de ma vertu. Ceci n’a rien de sérieux pour moi. Il n’est personne que la calomnie des bas-fonds ne veuille atteindre. Quand on est pure, on danse sur ces volcans de boue ; mais mon père s’en tourmente : raison de plus pour que je cède. Voilà, ma Pauline ; puisque c’est une bonne action à faire, il ne faut pas hésiter, n’est-ce pas ton avis ?

Ce n’était pas beaucoup mon avis. Je trouvais dans cette bonne action quelque chose de féroce, la nécessité pour Césarine de trembler au moindre mieux qui se manifesterait dans l’état de son mari. Si, contre toutes les prévisions, il guérissait, ne le haïrait-elle pas, et si, sans guérir, il languissait durant des années, ne regretterait-elle pas la tâche ingrate qui lui serait imposée ?

Elle s’offensa de mes doutes et me répondit avec