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en garde contre un péril imaginaire. Il se méfiait de ma sollicitude maternelle et croyait y reconnaître une certaine exagération qui n’était pas sans danger pour lui. Aussi défendit-il à Marguerite de me parler de la visite de Césarine, afin de ne pas m’alarmer de nouveau.

M. de Rivonnière semblait entrer en convalescence quand un grave accident se produisit et mit encore sa vie en danger. C’est alors que Césarine conçut un projet tout à fait inattendu, dont elle me fit part quand la chose fut à peu près résolue.

— Tu sauras, me dit-elle, qu’avant deux semaines je serai probablement marquise de Rivonnière. Allons, n’aie pas d’attaque de nerfs ! Ce n’est pas si surprenant que cela ! C’est très-logique au contraire. Apprends ce qui s’est passé il y a trois jours.

M. de Valbonne, qui est le meilleur ami du marquis, est venu me voir de sa part, et il m’a dit ceci :

« Il n’y a plus d’illusions à entretenir ; une consultation des premiers chirurgiens et des premiers médecins de France a décrété ce matin que le mal était incurable. Jacques peut vivre trois mois au plus. On a caché l’arrêt à sa famille, on ne l’a communiqué qu’à moi et à Dubois, en nous conseillant, si le malade avait des affaires à régler, de l’y décider avec précaution.

» Les précaution, étaient inutiles : Jacques s’est senti frappé à mort dès le premier jour, et il a dès lors envisagé sa fin prochaine avec un courage stoïque. Aux premiers mots que j’ai hasardés, il m’a