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légitimez votre enfant ; vous en avez conquis le droit les armes à la main, et tout droit implique un devoir.

— Et vous, mademoiselle Dietrich, répondit Paul, recevez aussi, pour que nous soyons quittes, un conseil qui vaut le vôtre. Je sais par les amis de M. de Rivonnière que vous l’avez rendu très-malheureux. Réparez tout en l’épousant, puisqu’on espère le sauver.

— J’y songerai ; merci encore, — répondit-elle avec grâce et cordialité.

Elle sortit et referma la porte sur elle, défendant à Paul de la reconduire, avec tant d’aisance et une si suave dignité qu’il resta frappé de surprise et d’hésitation. Il n’était pas vaincu, il était apprivoisé. Il croyait ne devoir plus la craindre et n’eût pas été fâché de l’observer davantage sous cette face nouvelle qu’elle venait de prendre.

Il parla d’elle avec douceur à Marguerite, et, sans lever la consigne qu’il lui avait imposée, il lui laissa espérer qu’elle reverrait dans l’occasion sa belle Dietrich. Il mit peut-être une certaine complaisance à prononcer ce mot, car pour la première fois Césarine, sage et douce, lui avait paru réellement belle.

Ce jour-là, Césarine avait frappé juste, elle s’était purgée du ridicule attaché à l’amour non partagé. Elle s’était relevée de cette humiliation qui donnait trop de force à la révolte de son antagoniste ; elle avait diminué sa confiance en moi. Gilbert avait maintenant des doutes sur la lucidité de mon jugement. Il m’en voulait peut-être un peu d’avoir essayé de le mettre