Page:Sand - Cesarine Dietrich.djvu/21

Cette page n’a pas encore été corrigée

enfant va continuer sa mère, elle n’entrera dans aucun de mes goûts. La sagesse de mes raisonnements entrera par une de ses oreilles et sortira par l’autre.

— Je n’en crois rien, lui dis-je, elle est trop intelligente.

— Sa mère aussi était intelligente. Ne croyez pas que ce fût par manque d’esprit qu’elle me contrariait. Elle savait bien qu’elle avait tort, elle en convenait, elle était bonne et charmante, mais elle subissait la maladie du siècle ; elle avait la fièvre du monde, et, quand elle m’avait fait le sacrifice de quelque fantaisie, elle souffrait, elle pleurait, comme Césarine pleurait et souffrait tout à l’heure. Je sais résister à n’importe quel homme, mon égal en force et en habileté ; mais comment résister aux êtres faibles, aux femmes et aux enfants ?

Je lui remontrai que l’attachement de Césarine pour la maison de sa mère n’était pas une fantaisie vaine, et qu’elle avait donné des raisons de sentiment vraiment respectables et touchantes.

— Si ces motifs sont bien sincères, reprit-il, et vous voyez que je n’en veux pas douter, c’était raison de plus pour qu’elle me fit le sacrifice de subir le petit chagrin que je lui imposais.

— Vous êtes donc réellement persuadé, monsieur Dietrich, que la jeunesse doit être habituée systématiquement à la souffrance, ou tout au moins au déplaisir ?

— N’est-ce pas aussi votre opinion ? s’écria-t-il