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— Est-ce que Paul le sait ?

— Je l’ignore.

— C’est drôle qu’elle en fasse un mystère ; c’est quelque dame de charité qui cache le bien qu’elle fait.

— Aviez-vous réellement besoin de cet ouvrage, Marguerite ?

— Oui, nous en manquons depuis quelque temps. Madame Féron, qui est fière, en souffre, et fait quelquefois semblant de n’avoir pas faim pour n’être pas à charge à Paul ; mais elle supporte bien des privations, et l’enfant nous dérange beaucoup de notre travail. Paul fait pour nous tout ce qu’il peut, peut-être plus qu’il ne peut, car il use ses vieux habits jusqu’au bout, et quelquefois j’ai du chagrin de voir les économies qu’il fait.

— Acceptez de moi, ma chère enfant, et vous ne lui coûterez plus rien.

— Il me l’a défendu, et j’ai juré de ne pas désobéir. D’ailleurs nous voilà tranquilles ; ma jolie dame nous fournira de l’ouvrage. En voilà pour longtemps, Dieu merci ! Elle nous paye très-cher, le double de ce que nous lui aurions demandé. Voyez comme c’est beau ! toute une garniture de chambre à coucher en vieux point ! Quand ce sera doublé de rose…

— Mais cette quantité d’ouvrage et ce gros prix, cela ressemble bien à une aumône ; ne craignez-vous pas que Paul ne soit mécontent de vous la voir accepter ?

— On ne le lui dira pas. La charité, s’il y en a, est