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ce n’est pas de ce que vous êtes fière et digne, on me l’avait dit je le savais ; mais je vous croyais tendre, et je m’attendais à ce que, avant tout, vous me promettriez de m’aimer.

— Peut-on promettre son affection à qui ne vous la demande pas ?

— C’est-à-dire que j’aurais dû parler la première ? Eh bien ! je vous la demande, voulez-vous me l’accorder ?

Si sa physionomie eût répondu à ses paroles, je l’eusse embrassée avec effusion, cette charmante enfant ; mais j’étais beaucoup sur mes gardes, et je crus lire dans ses yeux qu’elle m’examinait et me tâtait au moins autant que je l’éprouvais et j’observais pour mon compte.

— Vous ne pouvez pas désirer mon amitié, lui dis-je, avant de savoir si je mérite la vôtre. Nous ne nous connaissons encore que par le bien qu’on nous a dit l’une de l’autre. Attendons que nous sachions bien qui nous sommes ; je suis résolue à vous aimer tendrement, si vous êtes telle que vous paraissez.

— Et qu’est-ce que je parais ? reprit-elle en me regardant avec un peu de méfiance ; je suis triste, et rien que triste : vous ne pouvez pas me juger.

— Votre tristesse vous honore et vous embellit. C’est le deuil que vous avez dans l’âme et dans des yeux qui m’attire vers vous.

— Alors vous désirez pouvoir m’aimer ? Je tâcherai de vous paraître aimable ; j’ai besoin qu’on m’aime, moi ! J’étais habituée à la tendresse, ma pauvre mère