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plaintes imprudentes, tu ne lui apprennes ce qu’il ne doit jamais savoir.

— Comme c’est commode, n’est-ce pas ! de cacher aux enfants que leurs parents ne sont pas mariés ! Pour cela, il faudrait ne jamais me quitter, et qu’est-ce qui me répond que tu ne te marieras pas avec une autre !

Je crus devoir intervenir.

— Il est du moins certain, dis-je à Marguerite, qu’il est devenu très-difficile à mon neveu de faire le mariage honorable et relativement avantageux auquel un homme dans sa position peut prétendre. L’abandon qu’il vous fait de sa liberté, de son avenir peut-être, devrait vous suffire, ma pauvre enfant ! Songez que jusqu’ici tous les sacrifices sont de son côté, et que vous n’auriez pas bonne grâce à lui en demander davantage.

— Vous avez raison, vous ! répondit-elle en me baisant les mains ; vous êtes sévère, mais vous êtes bonne. Vous me dites la vérité ; lui, il me ménage, il est trop fier, trop doux, et j’oublie quelquefois que je lui dois tout, même la vie !

Elle se soumettait. C’était une bonne âme, éprise de justice, mais trop peu développée par le raisonnement pour trouver son chemin sans aide et sans conseil. Quand elle avait compris ses torts, elle les regrettait sincèrement, mais elle y retombait vite, comme les gens qu’une bonne éducation première n’a pas disciplinés. Elle avait des instincts spontanés, égoïstes ou généreux, qu’elle ne distinguait pas les