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— Non, ma tante, vous êtes mieux à l’hôtel Dietrich ; mais vous n’y êtes pas chez vous, et je vous ai toujours dit qu’un caprice de la belle Césarine pouvait, d’un moment à l’autre, vous le faire sentir. J’ai voulu avoir à vous offrir tout de suite un gîte, ne fût-ce que pour quelques jours. Je ne veux pas qu’il soit dit que ma tante peut partir, dans un fiacre, du palais qu’elle habite, avec l’embarras de savoir où elle déposera ses paquets, et la tristesse de se trouver seule dans une chambre d’hôtel. Voilà votre pied-à-terre, ma tante, et voici vos gens : deux femmes dévouées et un valet de chambre qui, sous prétexte qu’il est votre neveu, vous servira fort bien.

J’embrassai mon cher enfant avec un attendrissement profond. Toute la famille me reconduisit jusqu’en bas, et je ne m’en allai pas sans promettre de revenir bientôt. Il fut convenu que je ne verrais plus Paul que chez lui, les jours où il aurait congé. Si d’une part j’étais effrayée de le voir engagé, à vingt-quatre ans, dans une liaison que sa jeune paternité rendrait difficile à rompre, d’autre part je le voyais à l’abri des fantaisies de Césarine comme des vengeances du marquis, et j’étais soulagée de l’anxiété la plus immédiate, la plus poignante.

Césarine s’aperçut vite de ce rassérènement et de l’émotion qui l’avait précédé.

— Qu’as-tu donc ? me dit-elle dès que je fus rentrée ; tu es restée longtemps, et tu as pleuré.

Je le niai.

— Tu me trompes, dit-elle ; ton neveu doit être