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— Ah ! la malheureuse enfant, disait-elle, elle a voulu périr ! j’étais sûre qu’elle finirait comme ça !

— Mais elle n’est pas morte, lui dis-je, soignez-la, réchauffez-la bien vite ; je cours chercher un médecin. Où en trouverais-je un par ici ?

— Là, me dit-elle en me montrant une maison blanche en face de la sienne, mais de l’autre côté de la rivière ; sautez dans le premier bateau venu, on vous passera.

Je cours aux bateaux, personne, dedans ni autour. Les bateaux sont enchaînés et cadenassés. J’étais déjà mouillé. Je jette mon paletot, qui m’eût embarrassé ; je traverse à la nage un bras de rivière qui n’est pas large. J’arrive chez le médecin, il est absent. Je demande qu’on m’en indique un autre. On me montre le village derrière moi ; je me rejette à la rivière. Je reviens à la maison de la blanchisseuse, car la mère de ma sauvée était blanchisseuse : je voulais savoir s’il était temps encore d’appeler le médecin. J’y rencontre précisément celui que j’avais été chercher, et qui, se trouvant à passer par là, avait été averti d’entrer.

— La pauvre fille en sera quitte pour un bain froid, me dit-il, l’évanouissement se dissipe. Vous l’avez saisie à temps : c’est une bonne chance, monsieur, quand le dévouement est efficace ; mais il ne faut pas en être victime, ce serait dommage. Vous êtes mouillé cruellement, et il ne fait pas chaud ; allez chez moi bien vite pendant que je surveillerai encore un peu la malade.