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à ne plus la ménager, je ne te crois pas pénétrante du tout.

— Vraiment ! pourquoi ?

— Parce que tu es trop occupée de toi-même pour bien examiner les autres. Tu as une grande finesse pour saisir les endroits faibles de leur armure ; mais les endroits forts, tu ne veux jamais supposer qu’ils existent. Tu aperçois un défaut, une fente ; tu y glisses la lame du poignard, mais elle y reste prise, et ton arme se brise dans ta main. Voilà ce qui est arrivé avec M. de Rivonnière.

— Et ce qui m’arriverait peut-être avec tous les autres ? Il se peut que tu aies raison et que je sois trop personnelle pour être forte. Je tâcherai de me modifier.

— Pourquoi donc toujours chercher la force, quand la douceur serait plus puissante ?

— Est-ce que je n’ai pas la douceur ? Je croyais en avoir toutes les suavités ?

— Tu en as toutes les apparences, tous les charmes ; mais ce n’est pour toi qu’un moyen comme ta beauté, ton intelligence et tous tes dons naturels. Au fond, ton cœur est froid et ton caractère dur.

— Comme tu m’arranges, ce matin ! Faut-il que je sois habituée à tes rigueurs ! Eh bien ! dis-moi, méchante : crois-tu que je pourrais devenir tendre, si je le voulais ?

— Non, il est trop tard.

— Tu n’admets pas qu’un sentiment nouveau, inconnu,