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J’étais si effrayée pour mon Paul, que j’écrivis à M. de Rivonnière en lui jurant que Césarine n’aimait personne, et dès que M. Dietrich fut rentré, je le suppliai de ne plus jamais songer à mon neveu pour en faire son gendre.

M. de Rivonnière ne reparut qu’au bout de huit jours. Il m’avoua qu’il n’avait pas cru à ma parole, qu’il avait espionné minutieusement Césarine, et que, n’ayant rien découvert, il revenait pour l’observer de près.

Césarine lui fit bon accueil, et sans prendre aucun engagement, sans entrer dans aucune explication directe, elle lui laissa entendre qu’elle l’avait soumis à une épreuve ; mais bientôt elle se vit comme prise dans un réseau de défiance et de jalousie. Le marquis commentait toutes ses paroles, épiait tous ses gestes, cherchait à lire dans tous ses regards. Cette passion ardente dont elle l’avait jugé incapable, qu’elle avait peut-être désiré d’inspirer, lui devint vite une gêne, une offense, un supplice. Elle s’en plaignit avec amertume et déclara qu’elle n’épouserait jamais un despote. M. de Rivonnière se le tint pour dit et ne reparut plus, ni à l’hôtel Dietrich, ni dans les autres maisons où il eût pu rencontrer Césarine.

Césarine s’ennuya.

— C’est étonnant, me dit-elle un jour, comme on s’habitue aux gens ! Je m’étais figuré que ce bon Rivonnière faisait partie de ma maison, de mon mobilier, de ma toilette, que je pouvais être absurde, bonne, méchante, folle, triste sous ses yeux, sans