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— Mais dans tout cela, nous ne concluons pas. Il faut pourtant que nous cessions de nous voir, ou que vous cessiez de m’aimer.

— Permettez-moi de vous voir et ne vous inquiétez pas de ma passion déçue. Je la surmonterai, ou je saurai ne pas vous la rendre importune.

Césarine commençait à trouver le marquis trop facile. S’il eût prémédité son rôle, il ne l’eût pas mieux joué. Je vis qu’elle en était surprise et piquée, et que, pour un peu, elle l’eût ramené à elle par quelque nouvel essai de séduction. Elle s’était préparée à une scène de colère ou de chagrin, elle trouvait un véritable homme du monde dans le sens chevaleresque et délicat du mot. Il lui semblait qu’elle était vaincue du moment qu’il ne l’était pas.

— Retire-toi maintenant, lui dis-je à la dérobée, je me charge de savoir ce qu’il pense.

Elle se retira en effet, se disant fatiguée et serrant la main de son esclave assez froidement.

— Je vous demande la permission de rester encore un instant, me dit M. de Rivonnière dès que nous fûmes seuls. Il faut que vous me disiez le nom de l’heureux mortel…

— Il n’y a pas d’heureux mortel, répondis-je. M. Dietrich a en effet reproché à sa fille la situation où ses atermoiements vous plaçaient ; elle a dit qu’elle se marierait pour en finir…

— Avec qui ? avec moi ?

— Non, avec l’empereur de la Chine ; ce qu’elle a dit n’est pas plus sérieux que cela.