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de vrais amis. La faveur de mon neveu ferait beaucoup de jaloux. Ni lui ni moi n’accepterions, sans une mortelle souffrance, les commentaires malveillants de votre entourage, et votre entourage, c’est tout Paris, c’est toute la France. Non, non, notre réputation nous est trop chère pour la compromettre ainsi !

— Si notre entourage s’étend si loin, il nous sera facile de faire connaître la vérité, et soyez sûre qu’elle est déjà connue. Aucune des nombreuses personnes qui vous ont vue ici n’élèvera le moindre doute sur la noblesse de votre caractère. Quant à M. Paul, il ferait des jaloux certainement, mais qui n’en ferait pas en épousant Césarine ? Si l’on s’arrête à cette crainte, on en viendra à se priver de toute puissance, de tout succès, de tout bonheur. Voilà donc, selon moi, un obstacle chimérique qu’il nous faudrait mettre sous nos pieds. Dites-moi les autres motifs de votre épouvante.

— Il n’y en a plus qu’un, mais vous en reconnaîtrez la gravité. Le caractère de votre fille et celui de mon neveu sont incompatibles. Césarine n’a qu’une pensée : faire que tout lui cède. Paul n’en a qu’une aussi : ne céder à personne.

— Cela est grave en effet ; mais qui sait si ce contraste ne ferait pas le bonheur de l’un et de l’autre ? Césarine vaincue par l’amour, forcée de respecter son mari et l’acceptant pour son égal, rentrerait dans le vrai, et ne nous effrayerait plus par l’abus de son