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ça. — Alors… vous avez rompu avec votre ci-devant famille ?

HENRI, riant. Ma ci-devant… Es-tu fou ? ma famille est toujours ma famille.

REBEC. Pardon ! j’allais trop loin… Il y a comme ça des idées… et des intérêts qu’on ne peut pas oublier, n’est-ce pas ? C’est trop juste, c’est trop juste.

HENRI. Dis donc, toi ! tu as l’air de me soumettre à un interrogatoire ? Es-tu chargé de ça ?

REBEC. Oh ! par exemple ! moi, vous trahir ? moi qui vous aime tant ! moi qui vous ai vu tout petit et qui vous mettais sur mon bidet, du temps que je venais ici acheter vos laines ? Étiez-vous content de taper ma bête avec vos petits talons ! Et mademoiselle Louise que vous vouliez prendre en croupe… et qui avait peur !

HENRI. Pauvre Louise ! elle a bien d’autres sujets de frayeur à présent !

REBEC. Mais… vous savez qu’elle est devenue intrépide ! Elle ne quitte pas son père, c’est une des héroïnes de l’armée catholique.

HENRI, soupirant. On me l’a dit.

REBEC. Ça n’avance pas vos affaires pour le mariage ?

HENRI. Ça les met à néant, comme tu penses.

REBEC. Ça ne vous chagrine pas plus que ça ?

HENRI, brusquement. Eh bien, à quoi cela m’avancerait-il, de m’en chagriner ?

REBEC. C’était pourtant un beau parti ! fille unique ! et vous qui n’avez rien !

HENRI. Justement, c’est là ce qui me console un peu.

REBEC. Ah bah ?