pas les pays conquis ; nous portons la terreur et le châtiment de ville en ville. Ce soir, nous surprenons Puy-la-Guerche ; demain, nous serons à Buzanays.
LE COMTE. J’y serai aussi.
SAINT-GUELTAS. Il faudrait vous mettre en route sur-le-champ… autrement, les républicains viendront s’opposer à votre départ.
LE COMTE, tristement. C’est-à-dire à ma fuite ! Je fuirai, monsieur, et sans tarder !
SAINT-GUELTAS, bas, à Louise. Vous ne craignez pas que votre père ne revienne sur sa décision ? Elle lui coûte beaucoup !
LOUISE. Vous avez sa parole… et la mienne ! À demain, monsieur !
SAINT-GUELTAS, tendrement. À demain ! (à part) ou à tout à l’heure !
LE COMTE, le saluant. Au revoir, monsieur le marquis !
SAINT-GUELTAS. Au revoir, monsieur le comte ! (Il le salue profondément, regarde Louise avec passion, baise le brassard et se retire en faisant signe à Raboisson, qui le suit.)
LE COMTE, à Mézières. Fais tout préparer pour le départ. Il faut que nous soyons hors d’ici dans une heure. (Mézières sort.)
LA TESSONNIÈRE. Dans une heure ! vous n’aurez pas le temps d’emporter vos meubles. Songez donc que les républicains viendront piller ici dès qu’ils sauront la folie que nous faisons !
LE COMTE. Ils feront peut-être pis ! — Ah ! ma fille ! dis adieu à ton berceau !
LOUISE. Je suis résignée à tout, mon père ! J’ai tout prévu ; et pardonnez-moi la fièvre de joie que je ressens. Enfin vous voilà rendu à vous-même ! (Elle l’embrasse.) Nous ne ferons plus qu’une âme et un cœur…