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non, trois fois non ! Je mets les femmes de ma maison sous la sauvegarde de votre honneur, et je vais à Puy-la-Guerche ! (Aux insurgés.) Arrêtez-moi, si vous l’osez !

SAINT-GUELTAS. Personne ne l’osera… Mais un moment encore… Quelqu’un veut vous parler. (Aux insurgés.) Silence ! (Bas, à Mâcheballe.) L’homme en toile !

MACHEBALLE. Le voilà ! (Il fait sortir du groupe derrière lui un jeune paysan breton habillé de toile bise de la tête aux pieds, les cheveux longs, l’air doux, étonné.)

LA KORIGANE, s’écriant. Tiens, Cadio ! (Cadio jette un regard indifférent sur elle et présente au comte une quenouille ornée de rubans roses.)

LE COMTE, surpris. Que me voulez-vous ?

CADIO, simplement. Moi, monsieur ? Rien ! on m’a dit de vous donner cette chose-là, je vous la donne.

RABOISSON, voulant prendre la quenouille. Tu t’es trompé, mon ami, c’est pour ces dames !

CADIO, défendant la quenouille. Non pas, non pas ! On m’a dit : « Donne la quenouille à ce monsieur ; » je fais ce qu’on m’a commandé.

LE COMTE, prenant la quenouille. Qui vous a commandé cela ?

CADIO, montrant Sapience, qui s’est mis à la tête du groupe. Il est habillé en paysan. Dame, c’est lui ! je ne le connais pas plus que les autres.

LE COMTE, à Sapience. Approche donc, misérable, que je te brise ton présent sur la figure !

SAINT-GUELTAS, le retenant et riant sous cape. Arrêtez, monsieur, c’est notre…

SAPIENCE, l’air inspiré et emphatique. Inutile de le dire, M. le comte voit bien que je tends la joue !