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femme ! tu viendras avec nous, alors !

MÉZIÈRES, bas, au comte. Ils arrivent par centaines, monsieur ! Il en vient de tous les côtés sans qu’on les ait vus approcher ; c’est comme s’ils sortaient de dessous terre.

LE COMTE. Pourvu qu’ils ne pénètrent pas dans la cour du donjon !

MÉZIÈRES. Il n’y a pas de risque. J’ai mis ces pauvres bourgeois sous clef, et ils se tiennent cois. Ils ont grand’peur.

LE COMTE, regardant vers la salle du fond et voyant entrer de nouveaux groupes. Les insurgés entrent jusqu’ici ?

MÉZIÈRES. Ils n’ont pas l’air de menacer, mais ils ne demandent pas la permission. Et puis il y a les gens de la paroisse qui se rassemblent autour des murailles et qui ont l’air de vouloir s’insurger aussi.

LE COMTE, allant à Saint-Gueltas et lui montrant la salle du fond, d’un ton de reproche. Ceci a l’air d’une invasion, monsieur le marquis ; je n’ai pas coutume de recevoir si nombreuse compagnie dans les appartements réservés aux dames.

SAINT-GUELTAS, qui a été vers l’autre salle. Ce sont des amis, de chauds amis, monsieur le comte. Ils viennent d’emporter le bourg du Jardier, et ils rejoignent ici leurs chefs afin de prendre les ordres pour ce soir.

LE COMTE. Les ordres… c’est d’attaquer ce soir Puy-la-Guerche ?

SAINT-GUELTAS. Que vous comptez défendre ? Libre à vous, monsieur le comte ! Si vous voulez rejoindre votre poste, un mot de moi va vous ouvrir loyalement les rangs de ceux que vous acceptez pour ennemis ;