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est mon ami, et elle est fiancée à un jeune cousin…

SAINT-GUELTAS. Un cousin, c’est de rigueur. On le fera oublier !

RABOISSON. Il défendra ses droits.

SAINT-GUELTAS. Les armes à la main ? Eh bien, on le tuera. Allons au plus pressé ! (Il va au comte.) Monsieur de Sauvières, votre adorable fille m’a donné une bonne leçon. Je suis devenu un sauvage dans cette guerre sauvage ; il faut pardonner à la rudesse de mes manières. Ces messieurs (montrant Stock, le chevalier et Raboisson) m’ont déjà fait grâce ; ils viennent avec moi de leur plein gré.

LE COMTE. Alors, c’est de leur plein gré qu’ils me rangent sur la liste des traîtres et m’envoient à la mort ?

RABOISSON. Nous prendrons de telles précautions, que vous ne serez pas compromis.

LE CHEVALIER. Moi, je rougis de ce que vient de dire M. de Sauvières !

LE COMTE. Monsieur…

LE CHEVALIER. Oui, monsieur, je ne comprends pas que vous persistiez dans votre fidélité à l’infâme République !

LE COMTE. L’infâme République ?… Elle a guillotiné vos frères, je le sais ; mais des hommes plus humains vous ont permis de trouver chez moi un refuge ; c’est donc à des républicains que vous devez la vie. Il ne fallait pas accepter cela, car à présent vous ne pouvez pas l’oublier.

SAINT-GUELTAS, bas, à Raboisson, pendant que le comte et le chevalier discutent vivement. Trop de principes ! cet homme-là n’est bon à rien.

RABOISSON. Laissons-le, emmène-nous de force.