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rigueur, puisque nous nous sommes rendus par capitulation.

CADIO. Je crois que vous vous trompez, mais ce n’est pas à moi de prononcer en pareille matière.

RABOISSON. C’est juste. Alors, nous avons recours à votre humanité ; laissez-nous marcher.

CADIO. Oui, à la prochaine côte.

RABOISSON. Merci, capitaine !

CADIO, aux conducteurs. En avant, allons ! (Les charrettes prennent une allure un peu plus décidée, les soldats reforment leurs rangs. Motus reste en arrière pour visiter le pied engravé de son cheval. Cadio revient sur ses pas pour l’appeler.) Voyons, dépêche-toi ! Il ne faut pas rester seul en arrière la nuit.

MOTUS. Ne crains rien, mon capitaine ; j’ai un œil derrière la tête… et, avec ta permission, je vois très-bien quelque chose de noir couché dans ce buisson.

CADIO, allant au buisson, le pistolet en main. Un homme ? — Que faites-vous là ? Vous ne répondez pas ? Je fais feu sur vous.

LA TESSONNIÈRE, tapi sous le buisson. Tiens ! c’est toi ? Si j’avais su !… Cadio, mon garçon, fais-moi sauver. J’étais sur cette dernière charrette qui s’en va ; pendant que Raboisson te parlait pour distraire ton attention, je me suis laissé glisser au risque de me faire grand mal ! Grâce à Dieu, je n’ai rien : aide-moi à sortir de là ; c’est ça, donne-moi la main. Merci ! Indique-moi le chemin, à présent ; je voudrais retourner à mon domicile.

MOTUS, riant. Eh bien, en v’la un qui ne se gêne pas, par exemple !

LA TESSONNIÈRE. Mon cher, je ne vous parle pas, à vous ; faites-moi l’amitié de vous taire quand je m’adresse à votre supérieur !