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donnaient, mais vous avez mieux aimé les vendre que de vous en servir, et ça ne vous a sauvés de rien. Vous voilà ici comme nous !

LE PAYSAN. Peut-être bien qu’on s’en serait mieux servi que vous autres, qui vous êtes sauvés les premiers, après avoir saccagé notre village.

LES AUTRES CHOUANS. Qu’est-ce qu’il dit, celui-là ?

LE PREMIER CHOUAN. Il nous insulte !

UN AUTRE, au paysan. Prends garde qu’on ne te mette en travers du feu, toi ! Tu m’as l’air d’un républicain honteux !

D’AUTRES PAYSANS, s’approchant. Qu’est-ce qu’il y a ? Voyons !

LE PREMIER PAYSAN. C’est ces voleurs-là qui nous ont pillés tantôt, et qui mangent nos poules pendant que nous irons nous coucher sans souper.

UNE FEMME. Vous dites plus vrai que vous ne pensez. Voilà mon panier, je le reconnais bien, et les plumes de ma poule jaune. Rendez-la-moi, vous autres, j’ai mes enfants là-bas qui crient la faim !

LE CHOUAN. Eh bien, viens donc un peu ici la débrocher de ma baïonnette, ta méchante poule de deux sous ! tâche !

LA FEMME, aux paysans. Vous n’avez point de cœur si vous laissez malmener comme ça le monde de votre endroit !

UN PAYSAN. Oui ! Il faut qu’on nous rende ce qui est à nous. Ces gueux-là m’ont volé mes deux moutons, à moi !

UN DES CHOUANS. Ça n’est pas nous, mais ça ne fait rien, on répond les uns pour les autres. Tout ce que le chouan trouve est à lui. Tenez-vous tranquilles,