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MOTUS. Bouchons la fenêtre. Tirons au hasard entre les sacs, puisque les munitions ne manquent pas.

CADIO. Le hasard ne sert pas les hommes ! Ôtez-vous de là, Henri ! Ôte-toi, Motus ! inutile de succomber tous trois à la fois. Chacun son tour, ça durera plus longtemps ! Je commence. (Il se présente à la fenêtre, dont le contrevent vole en éclats, vise tranquillement et tire.) En voilà un ! Vite un autre fusil ; deux ! J’en aurai abattu six avant qu’ils aient rechargé. (Il continue, tous ses coups portent, les chouans hurlent de rage.)

MOTUS. Mon capitaine, en voilà assez. C’est à moi !

CADIO, qui change toujours d’arme et qui tire toujours. Non ! pas toi ! Je ne veux pas !

MOTUS. Je sais que je dois y passer aujourd’hui !

CADIO. Tu es fou !

HENRI. Assez, Cadio ! Laissons-les user leurs munitions. Il faudra bien qu’ils viennent à la portée de nos sabres.

CADIO. Des munitions ? Ils n’en ont plus. Voyez, ils vont nous donner l’assaut. Les voilà sur l’escalier !

HENRI. Alors, feu par la fenêtre ! tous les trois ! (Ils tirent pendant que les chouans battent la porte, qui résiste, et attaquent la fenêtre à coups de pierres. Motus et Henri se réfugient derrière la barricade. Cadio reste exposé sans paraître s’en apercevoir.)

LOUISE, au seuil de l’autre chambre. Cadio ! c’est trop de courage ! De grâce…

CADIO, qui tire toujours. Vous m’avez dit de vous défendre et de vous venger ! Je vous défends aujourd’hui, je vous vengerai demain.

LOUISE. Vous périrez ici, ôtez-vous…

CADIO. Non ! je suis invulnérable, moi ! Tenez, ils se lassent !