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Scène XIII. — Les Mêmes, LA KORIGANE.


LA KORIGANE. (Elle entre par la cuisine. N’ayez pas peur, c’est moi. Le marquis n’a pas pu se battre en duel. Je le suivais, je guettais. J’ai averti les chouans. Ils l’ont enlevé de force au bout de la rue : les bleus se sont crus trahis. Ils les poursuivent jusque dans la campagne ; mais ils ont beau avoir des chevaux, les chouans savent courir !

ROXANE. Pourquoi as-tu fait cela ? Tu veux donc que mon neveu soit exposé pour nous avoir reçues généreusement ?

LA KORIGANE. Saint-Gueltas aurait tué Cadio, et je ne veux pas, moi !

ROXANE. Tu l’aimes donc toujours, ce Cadio ?

LA KORIGANE. J’ai aimé les anges comme on doit les aimer et le diable comme il veut qu’on l’aime !

ROXANE. Selon toi, Cadio est un ange ? Pourquoi ?

LA KORIGANE. Parce qu’il a toujours détesté le mal, parce que les nuits je le vois en rêve, quand j’ai le mal dans l’esprit, et il me fait des reproches, il me menace… Je le croyais mort. Je l’ai revu officier tout à l’heure, je l’ai vu tranquille et fier… Je me suis dit : « Tu ne mourras pas par ma faute ; cette fois, j’empêcherai cela ! »

LOUISE, agitée. Korigane, dis-moi, est-ce vrai que le marquis l’a fait assassiner à la ferme du Mystère ?

LA KORIGANE. C’est vrai.

LOUISE, effrayée. Avec quel sang-froid il m’a dit que ce malheureux s’était noyé dans la Loire en voulant nous poursuivre !

ROXANE. Mais, mon Dieu ! la fusillade se rapproche…