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SCÈNE V. — Les Mêmes, ROXANE, LOUISE, MARIE.


ROXANE, sans répondre aux courbettes de Rebec. Qu’est-ce qui se passe ? La cour du donjon est encombrée, la population de la ville reflue ici, et c’est vous, messieurs, qui nous valez cet embarras et ce danger ? Croyez-vous que nous n’ayons d’autre affaire que de défendre vos ânes crottés, vos charretées de fromage et vos vieilles hardes ?

REBEC, à Le Moreau, bas. Diable ! elle n’est pas polie, la vieille !

LE MOREAU, à Roxane. Madame, je n’ai pas encouragé cette panique ridicule. Je ne l’approuve pas. Je vais essayer de la faire cesser. (Il salue et sort avec dignité.)

ROXANE, à Rebec. Celui-ci, à la bonne heure ! mais vous, monsieur l’aubergiste,… c’est-à-dire toi, l’ancien brocanteur, si heureux autrefois de te chauffer au feu de nos cuisines…

REBEC. Madame, je suis citoyen et adjoint à la municipalité… Parvenu par mon mérite, je ne rougis pas de mes antécédents.

ROXANE. En attendant, monsieur l’adjoint, vous allez déguerpir de céans et remporter vos guenilles.

LOUISE, bas, à Rebec. Laissez dire ma tante. Elle est vive, mais très-bonne. D’ailleurs, mon père, qui n’a jamais refusé l’hospitalité à personne, vient d’ordonner que la cour fortifiée et le donjon fussent ouverts à quiconque voudrait s’y réfugier, et tant qu’il y aura de la place…

REBEC. Merci, aimable citoyenne et noble châtelaine ; vous avez bien mérité de la patrie, et le donjon est