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JAVOTTE. Un baiser ? Le voilà pour m’avoir dit vous ! C’est gentil, un militaire qui dit vous à une femme ! (Elle lui donne un baiser sur le front.)

REBEC, entrant. Eh bien, Javotte, eh bien !

MOTUS. Laisse-la faire, citoyen fricotier ! c’est sacré, ça ! Souviens-toi ce soir de ce que je te dis ce matin : c’est sacré.

REBEC. Qu’est-ce qu’il veut dire ?



Scène IX. (Même local, même jour, midi.) HENRI, JAVOTTE, puis LA KORIGANE.


HENRI, entrant. Où est le capitaine ?

JAVOTTE, qui achève de ranger et de balayer. Par là, dans le jardin avec mon maître, qui souhaitait lui parler. Faut-il lui dire… ?

HENRI, s’approchant de la table. Non, merci. Il y a ici de quoi écrire ?

JAVOTTE. Voilà !

HENRI. C’est tout ce qu’il me faut. (Javotte sort.) Chère Marie ! Je parie qu’elle est déjà inquiète de moi ! (Il écrit. Au bout de quelques instants, la Korigane entre sans bruit et le regarde. Henri se retournant.) Que demandes-tu, petite ?

LA KORIGANE. Petite je suis, c’est vrai ; mais j’ai la volonté grande, et je tiens devant Dieu autant de place que toi, Henri de Sauvières !

HENRI. Oui-da ! voilà qui est bien parlé, ma fière Bretonne ! Mais… attends donc ; je te connais, toi ! tu es la Korigane de Saint-Gueltas !

LA KORIGANE. Tu m’as donc vue au feu, en Vendée ? car tu étais à l’armée du Nord quand j’ai été servante dans ton château.