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LE COMTE. Nous pensons tous de même ; nous voulons tous la fin des fureurs démagogiques.

LE MOREAU. C’est pour cela, monsieur le comte, que nous devons réprimer toutes les démagogies, de quelque titre qu’elles se parent. Venez commander nos gardes nationaux, et, s’il est vrai que le torrent se dirige de notre côté, il passera auprès de notre ville sans oser la traverser.

REBEC. Autrement, ils feront ce qu’ils ont fait à Bois-Berthaud, ils dévasteront tout. Ils pilleront les auberges, ils gaspilleront les provisions de bouche…

LE MOREAU. Et, chose plus grave, ils insulteront nos femmes et menaceront nos enfants ! Hâtez-vous, monsieur. Si les nouvelles sont exactes, ils ont fait ce matin le ravage au hameau du Jardier, à six lieues d’ici ; ils peuvent être chez nous ce soir !

LE COMTE. Mais ce ne sont pas des gens de nos environs. Qui sont-ils ? d’où viennent-ils ?

LE MOREAU, méfiant. Vous l’ignorez, monsieur le comte ?

LE COMTE, blessé. Apparemment, puisque je le demande.

LE MOREAU. Ils viennent du bas Poitou.

RABOISSON. Et ils sont commandés… ?

LE MOREAU. Par le ci-devant marquis de la Roche-Brûlée, un homme perdu de dettes et de débauches.

RABOISSON. Vous êtes sévère pour lui… Il vaut peut-être mieux que sa réputation.

LE MOREAU. Si vous le connaissez, monsieur, et que nous soyons réduits à capituler, vous nous viendrez en aide, et, en nous servant d’intermédiaire, vous n’oublierez pas la confiance que les autorités de Puy-la-Guerche ont cru pouvoir vous témoigner ; mais