RABOISSON. Pas de questions sur la politique, mon cher ! Ma confiance ne pourrait que te compromettre, et je sais que, par état comme par tempérament, tu dois ménager tout le monde. Dis-moi seulement si quelqu’un est venu me demander ici cette nuit.
REBEC. Personne, monsieur le baron.
RABOISSON. Alors, j’attendrai chez toi. Sers-moi quelque chose, ce que tu voudras.
REBEC. Je vais vous chercher du jambon délicieux. — Javotte, descends à la cave et monte du meilleur. (Il sort, Javotte, le suit.)
RABOISSON marche avec impatience et va regarder par le guichet. Ah ! le voilà ! il est exact au rendez-vous ! (Il ouvre, Saint-Gueltas entre. Ils se serrent la main en silence. Raboisson referme la porte au verrou.)
Scène III. — SAINT-GUELTAS, RABOISSON.
SAINT-GUELTAS. Est-ce que nous pouvons parler ici ?
RABOISSON. Oui, l’aubergiste est des nôtres.
SAINT-GUELTAS. Eh bien, parle ; c’est à toi de m’instruire, puisque j’arrive à ton appel.
RABOISSON. Diable ! tu me vois embarrassé…
SAINT-GUELTAS. Il suffit, je comprends ; on refuse mes services ?
RABOISSON. On ne refuse jamais des services comme les tiens ; mais…
SAINT-GUELTAS. Mais on veut les recevoir gratis ?
RABOISSON. Les seuls bons services sont ceux qui ne se marchandent pas. (À Rebec, qui ouvre la porte de la cuisine et qui apporte le déjeuner.) Un peu plus tard, laisse-nous. (Il referme la porte de la cuisine et revient vers Saint-Gueltas, qui